5 Mars 2017
Comme vous le savez déjà, le thème du FESPACO 2017 est "Formation et métiers du cinéma et de l'audiovisuel".
J'ai donc voulu explorer certains métiers du cinéma qui cadrent bien avec les rubriques du blog. Il s'agit des costumes et du maquillage artistique.
Souvent méconnu du public, ces deux métiers sont pourtant indispensables et complémentaires pour donner vie à un personnage, à un décor. Ils peuvent impacter l'atmosphère d'un film (tristesse, joie, détresse, souffrance...).
En effet, le costumier-habilleur contribue à la création de l'univers d'un film ou d'un spectacle en imaginant des costumes qui collent aux besoins du réalisateur ou du metteur en scène. Quant aux maquilleurs, généralement maquilleuses, travaillent pour le spectacle enregistré (télé, cinéma, vidéo) ou vivant (théâtre). Il prépare ou modifie un visage en fonction d’impératifs techniques ou artistiques exigés par le réalisateur.
Pour explorer ces deux domaines, j'ai pu interviewer quelques personnes qui sont souvent sollicitées dans le cinéma et qui ont bien voulu partager leurs expériences.
"Je suis Martine SOME. Dans le langage courant, je suis couturière mais en réalité styliste, créatrice de mode, costumière de scène.
En quoi consiste votre travail sur un plateau de tournage ?
Mon travail consiste à concevoir, à réaliser des costumes de scènes.
Je me réfère au scénario, ou à l’idée première du metteur en scène ou du réalisateur pour faire des propositions de costumes, de vêtements. On fait des croquis, des maquettes, des échantillons avant de passer à la réalisation.
Le choix des modèles se fait toujours sur la base du scénario pour l’adapter au personnage. Concernant les films futuristes ou les contes, on fait des créations en fonction de l’histoire.
Un aperçu des costumes du défilé lors des Celebrities Night à la Mairie Centrale de Ouagadougou
Pourriez-vous nous parler de votre expérience dans ce domaine
J’ai débuté en juin 1994 sur le film « ARAMOUYA » de Drissa TOURE en tant que stagiaire habilleuse. Le cinéma a été un tremplin dans ma carrière de costumière.
J'ai été Assistante costumière sur « L’EPOPEE DES MOSSI », le film « LA GENESE » comme stagiaire en costume avec mon maître Kandioura COULIBALY au Mali.
J'ai également été sollicitée pour les films comme « LA NUIT DE LA VERITE » de Fanta NACRO, « LE SECRET » de Raymond TIENDREBEOGO, « LA REVANCHE DE LUCY» de Janusz Mrozowski, « OUAGA SAGA » de Dany KOUYATE, « BOUDYAM » de Gaston KABORE, Issa TRAORE de Brahima avec « SIRABA », SEMBENE Ousmane...
Vos créations dépendent-elles de d'autres métiers sur le plateau?
Je collabore avec les maquilleuses pour définir les effets sur les costumes pour qu'il y ait une certaine harmonie.
Pensez-vous que la relève est-elle assurée dans ce domaine ?
Moi personnellement, je me dois de transmettre mes connaissances car j’ai été formée sur le tas, à travers des stages avec des professionnels d’ici et d’ailleurs. Je ne suis pas passée par une école spécialisée.
Au Burkina Faso, malgré des structures de formation, il n’y a pas de spécialisation dans ce domaine et on fait rarement appel aux costumiers pour une formation complémentaire. Il faut que ce métier soit pris au sérieux et qu'il soit valorisé afin d’améliorer la qualité des films. Il est indéniable que le problème de budget est souvent posé mais, ça dépend de l’intérêt et de l’importance que l’on donne à tous les volets de ce métier.
Vos sources d’inspiration ?
Il s’agit de mon père. J’ai une grande admiration pour lui. J’ai découvert récemment que c’est lui qui avait confectionné sa tenue de mariage ainsi que celle de ma mère.
Ma deuxième source d’inspiration est feu Kiandoura COULIBALY car il avait beaucoup de connaissances à transmettre".
"Mme GANAFE/OUEDRAOGO Aïcha
Maquilleuse de cinéma, esthéticienne et formatrice.
Depuis combien de temps exercez-vous dans ce métier ?
J’ai fait la formation en 1991 et mon premier plateau cinéma en 2001.
En quoi consiste le métier de maquilleuse sur un plateau ?
Mon travail consiste à être sur le plateau, à maquiller, démaquiller, faire des raccords. Mais avant tout cela, il faut savoir analyser le scénario, faire un budget et élaborer un croquis (par exemple pour des blessures) pour le soumettre au réalisateur. Après essai, et au cas où c’est adopté, c’est plus facile à réaliser.
Pourquoi votre choix s’est-il porté sur ce métier ?
Au début, c’était l’esthétique qui m’intéressait en première année. En deuxième année, il me fallait faire un choix entre la manucurie-pédicurie, ou coiffure et maquillage. J’ai donc fait une spécialisation maquillage et maquillage cinéma. Et comme je sais que le Burkina est le pays du cinéma africain, j’ai préféré faire le maquillage cinéma à Paris en 1991 et à mon retour en 2001, j’ai commencé à exercer sur le plateau. Cela me passionne énormément !
Quelles sont les différentes sortes de maquillage ?
Le maquillage beauté (par exemple camoufler les imperfections du visage), le maquillage artistique ou carnaval (faire des dessins) et le maquillage cinéma (comme les fausses larmes, brûlures, blessures…).
Quelques titres de films où vous avez été sollicitée ?
Mon premier plateau était « KOUNANDI ». Ensuite sur plusieurs films avec Aboubacar DIALLO dont « CONGES DE MARIAGE», « VILLA ROUGE», « TRACK A OUAGA», « L'AMOUR EST ENCORE POSSIBLE», « PETIT SERGENT», « La FORET DU NIOLO» de Adama ROUAMBA en compétition au FESPACO 2017, « PLACENTA» de Ben Modeste, « VIS A VIS» de Abdoulaye DAO, « INA » de Valérie KABORE, « DJARABI» de Idrissa OUEDRAOGO, « TOM » de Tahirou OUEDRAOGO en compétition, « COMMISSARIAT DE TAMPY» de Missa HEBIE et bien d’autres.
Avec toutes ces références, pourriez-vous nous raconter un souvenir marquant ?
Le plus marquant a été sur le plateau de «PLACENTA » où on dénonçait les attitudes des sages-femmes dans les maternités. Pendant le tournage, un homme a amené effectivement sa femme qui était sur le point d’accoucher. Après avoir cherché les sages-femmes en vain, les comédiennes ont dû aider la femme en train d’accoucher sur place (au sol), avant que les secours n’arrivent.
Par quel professionnel du maquillage aimeriez-vous être maquillée ?
Moi-même (rires)
Parlez-nous de votre rituel-beauté ?
Je me démaquille chaque matin après ma douche et j’utilise une crème hydratante qui me protège contre les rayons du soleil. Je ne me maquille pas souvent et chaque soir je me démaquille à cause de la poussière et de la pollution. J’ai mon inséparable gloss et une eau rafraichissante.
Pour les grandes occasions, je me maquille".
"Je me nomme Joëlle KOFFI. Coiffeuse, esthéticienne.
Parlez-nous de votre métier
Je fais le maquillage sur des plateaux de défilés, de tournage, des publicités. En fonction du scenario, je propose un croquis avant de faire ma réalisation.
Pourquoi ce choix de métier ?
Par amour. J’aime le maquillage et la coiffure.
Pourriez-vous nous citer quelques titres de films pour lesquels vous avez été sollicité ?
J’ai commencé sur des plateaux de défilés avec Matou SANA avant de travailler avec des maisons de production comme AFRIQUE IMAGE, MANIVEL PRODUCTION. Le maquillage est sobre sur ces plateaux.
Les films et les longs métrages où le maquillage dépend du scénario. Je me laisse aller à des créations car j’ai l’occasion de m’exprimer.
J'ai intervenu sur les plateaux de tournage des films comme « PAPA MON RIVAL » de Aboubacar ZIDA en tant que maquilleuse et coiffeuse, « SAABA BIIGA», sur des documentaires avec AFRIQUE IMAGE.
Avez-vous accès au scénario avant un tournage ?
Je reçois les scénarios des mois à l'avance pour pouvoir faire des dépouillements, des croquis et agencer les séquences en fonction des maquillages, des costumes et des coiffures.
Même quand il s’agit des publicités et les documentaires, je dois avoir accès au script à l’avance et même faire des tests avec les acteurs.
Quels sont les différentes sortes de maquillage que vous réalisez souvent ?
Je réalise le maquillage sobre ; souvent pour les publicités ou documentaire où le maquillage doit avoir l'air naturel, et le maquillage effets spéciaux et artistique ; souvent réalisé dans les films, les sciences fictions ou les contes.
Votre secret beauté ?
J’aime faire des créations maquillages. Mais personnellement, je ne me maquille que pour les grandes occasions. J’utilise une base de fond de teint à base d’eau.
Vos marques de produits de maquillage fétiches ?
J’affectionne la marque BLACK UP ou la marque BLACK OPAL le nouveau.
Votre référence si un professionnel devrait vous maquiller
Moi-même ! (rires)".
Plus que des mots, je vous propose une démonstration de maquillage réalisé par Joëlle KOFFI.
Maquillage artistique effets spéciaux
Maquillage tradi-moderne
Qu'en pensez-vous ?
J'espère que l'exploration de ces univers vous aurait plu. A noter que ce n'est qu'un échantillon des métiers du cinéma et qu'il y a encore beaucoup à découvrir.
Bien que le FESPACO 2017 ait bien voulu mettre en exergue les métiers du cinéma à travers son thème, j'ose croire qu'on aura des distinctions dans ces catégories pour les prochaines éditions.
A très bientôt pour une nouvelle révélation !